Située à la frontière entre la Colombie-Britannique, l'Alaska et le Yukon, la chaîne de montagnes St. Elias n'attire que des superlatifs : elle contient le plus grand champ de glace non polaire du monde, le plus grand nombre de glaciers en crue, les montagnes les plus actives sur le plan sismique, la plus grande zone protégée de la planète et enfin, les sommets les plus élevés, les plus jeunes et les plus dynamiques en terme de croissance au Canada.
La vie de ces montagnes débuta il y a quelque 15 millions d'années par une zone volcanique créée lorsque le plancher de l'océan Pacifique glissa progressivement sous la marge continentale, près de la côte de l'Alaska. La croûte terrestre se souleva, se crevassa et ondula pour former la chaîne St. Elias. Il y a environ 100 000 ans, cette croissance s'accéléra lorsqu'un morceau de croûte, qui s'était détaché plus au sud, percuta la côte Ouest de l'Amérique du Nord. Baptisé Yakutat Terrane, ce morceau mesure quelque 200 km de large, 600 km de long sur 13 km d'épaisseur. Poussé par des forces inimaginables comme une cale sous les montagnes St. Elias, c'est la principale cause de la croissance rapide de la chaîne.
La croissance du terrain dans cette région est d'environ 4 cm par an, soit à la même vitesse que pousse un ongle de la main. Cependant, cette vitesse n'est pas constante. En effet, les montagnes grandissent par à-coups, ce qui fait de cette zone l'une des plus propices aux tremblements de terre sur la planète. En moyenne, la terre y tremble trois fois par jour. En 1899, l'une des secousses souleva le sol de plus de dix mètres en moins de deux minutes… Heureusement que les ongles ne poussent pas à ce rythme !
De récents changements climatiques ont accéléré la fonte des glaciers des montagnes St. Elias. La diminution de la pression sur la croûte terrestre qui en résulte contribue peut-être à la croissance rapide de ces sommets dynamiques.